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POEM26 Voeux
Mon vœu le plus cher
Janvier, déjà. Je regarde par la fenêtre. Elle ne viendra pas aujourd’hui. Il fait trop doux.
Janvier. Je guette les tremblements du ciel. Je rêve de blanc sur mon jardin.
J’ai aimé les bleus du jour, de la nuit et de la mer aussi. J’ai attendu le vert tendre au printemps. Je me suis laissé emporter par les arbres en automne.
A présent, j’espère la neige.
C’est mon vœu le plus cher : Du blanc sur des jardins, sur des maisons.
Je ne parle pas d’une couleur au sens propre, encore moins d’un voile que l’on poserait sur le monde juste pour ne plus voir la laideur qui gagne.
J’imagine un endroit qui serait une esquisse, une page à écrire sous nos pas, avec juste des reflets bleus de temps en temps. Du ciel en neige que l’on respire pour ne pas étouffer. Un tissu blanc qui protège ce qui vit. Moi, vous, tous les êtres sensibles que nous sommes et ceux qui nous entourent.
Des zones blanches pour que vivent les ami(e)s naufragé(e)s des ondes qui rendent malade.
Ça ne viendra pas par la simple prière, par la pensée magique, par un quelconque gourou. Ça ne pourra venir que de nous. De notre volonté réelle que ça change, de nos paroles, de nos actes.
Janvier. Je rêve d’une grande chaîne humaine pour que viennent des zones blanches qui seraient pareilles à une lumière de neige.
« Ne nous abandonnez pas. Ne renoncez pas ». Une amie EHS écrivait ces mots il y a trois semaines. Ô, comme je ressens ce qu’il y a d’urgence et de drames dans cet appel.
Ces technologies n’ont pas seulement rompu les fils des appareils qui font la vie moderne. Elles ont aussi brisé les fils entre nous les humains, entre nous et la vie. De jour en jour, c’est tout le tissu qui se déchire.
Renouer ces fils, de toute urgence, ça devrait être ça, le sens de notre vie. Il y a un côté Pénélope, sans doute, à faire le jour ce que la nuit du monde défait au centuple.
Mais que faire d’autre que remettre les mailles à l’endroit dans ce monde à l’envers ?
Qu’espérer d’autre qu’être de plus en plus nombreux à prendre soin des autres vies et de la nôtre aussi ?
N’abandonnons pas. Ne renonçons pas.
Janvier. Je rêve d’une terre où vivre serait possible…
Frédéric Wolff