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Actions contre le rayonnement des antennes dangereuses
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Par Gilbert Charles, publié le 17/07/2008
Si les dangers du téléphone peuvent être évités (en utilisant une oreillette ou en... se passant de communiquer), il n'en va pas de même pour ceux de ces antennes auxquelles toute la population est exposée et qui suscitent une inquiétude grandissante. Partout, à la ville comme à la campagne, un vent de fronde se lève. Les riverains, relayés par des associations telles que Priartem ou Robin des toits, accusent les émetteurs de provoquer des maux de tête, des trous de mémoire, des leucémies ou des cancers. Dans la Drôme, l'Aude, le Gard, les Côtes-d'Armor, le Rhône et l'Ain, les phobiques des relais interpellent les élus et poursuivent les opérateurs en justice pour chasser leurs équipements des églises, des édifices publics ou des écoles. Considérant que « les clochers sont faits pour porter des croix, pas des antennes », l'évêque de Belley (Ain), Mgr Guy Bagnard, a réitéré son intention de bannir les émetteurs du diocèse : les contrats de sept paroisses encore équipées ne seront pas renouvelés ; les prêtres qui ont donné leur accord sans en informer l'évêché ont été rappelés à l'ordre. A Lens (Pas-de-Calais), le maire (PS), Guy Delcourt, a entamé une bataille juridique contre SFR pour faire enlever les émetteurs plantés sur l'hôtel de ville et dans un secteur résidentiel. A Bourg-de-Péage (Drôme), les habitants ont réussi à faire déplacer l'antenne implantée près du groupe scolaire Jean-Moulin. A Paris, ce sont les bornes Wi-Fi qui inquiètent : les systèmes de six bibliothèques municipales ont été débranchés à la suite de plaintes de salariés se disant victimes de malaises et de maux de tête.
J. Demarthon/afp
Dans les zones urbaines, on trouve en moyenne un relais téléphonique tous les 300 mètres.
Reste à savoir à qui se fier pour estimer le rayonnement des antennes... En cas de litige, des mesures sont effectuées par des techniciens rétribués, la plupart du temps, par les opérateurs. Ceux-ci sont donc prévenus à l'avance des contrôles. « On tombe parfois sur des rapports de mesure faisant état de chiffres fantaisistes, par exemple une exposition de 0,05 V/m, qui rendrait toute communication impossible », note Pierre Le Ruz. Le responsable de l'association Robin des toits, Etienne Cendrier, a été assigné en justice pour avoir accusé Bouygues, SFR et Orange de baisser la puissance de leurs émetteurs au moment des mesures. Bouygues a obtenu, en juin 2005, une condamnation pour diffamation devant un tribunal civil. Mais SFR et Orange, qui ont attaqué au pénal, ont été déboutés en mai 2006 : le tribunal a conclu à la bonne foi du militant, et, implicitement, à la véracité de son accusation, étayée par de nombreux témoignages.
Que faire en attendant que les experts tombent d'accord ? Des médecins donnent des conseils de prudence (voir page 22) en insistant sur les utilisateurs les plus fragiles : les enfants. Il faudrait donc restreindre l'usage du portable par les plus jeunes et leur donner des oreillettes, mais aussi, logiquement, les protéger des rayonnements des antennes relais. Or, comme le montre la carte établie par L'Express, des dizaines d'émetteurs sont encore installés, en France, sur les toits des écoles ou à leur proximité immédiate. Ce constat va à l'encontre de la recommandation de l'Observatoire national de la sécurité des établissements scolaires, qui conseille, depuis 2002, d'éloigner ces antennes relais à plus de 100 mètres des salles de classe. Une distance minimale quand on sait que la limite est fixée à 300 mètres dans de nombreux pays européens et à 500 mètres en Finlande...
A Lyon, le 20 juin, lors d'un débat organisé par la mairie entre des habitants et une quinzaine d'experts, des parents d'élèves ont notamment évoqué le cas de l'école Victor-Hugo, à la Croix-Rousse, où un élève a été diagnostiqué avec un lymphome dans une classe située sous une antenne relais de SFR. Un an plus tard, un autre élève, dans la même classe, assis à la même place, a souffert d'une leucémie. En mars, les parents ont réussi à obtenir le démontage de l'installation. Mais l'inquiétude demeure pour d'autres groupes scolaires de l'agglomération lyonnaise comme Gerson, Albert-Camus et Lamartine. A Saint-Cyr-l'Ecole (Yvelines), huit cas de leucémies et de tumeurs au cerveau sont apparus chez des enfants ayant fréquenté l'école Bizet entre 1991 et 2002. Une enquête épidémiologique du ministère de la Santé a reconnu en 2004 que l'incidence dans cette classe d'âge était deux fois supérieure à la moyenne, mais elle a également conclu qu'il s'agissait probablement d'une « fluctuation statistique normale ».
Quels que soient les résultats de prochaines études sur le sujet, la polémique sur les mobiles et leurs antennes relais n'est pas près de s'éteindre, à moins d'une preuve écrasante et très peu probable de leur innocuité. A Paris, où la charte de bonne conduite signée en 2003 arrive bientôt à échéance, comme dans beaucoup d'autres villes et villages de l'Hexagone, les opérateurs risquent d'être mis à rude épreuve dans les prochains mois.
Sur ce site un commentaire complétant cet article à propos de Saint Cyr
Antennes relais, une nouvelle affaire similaire à celle de Saint-Cyr l'Ecole.
Neuf cas de cancer ont été recensés à l’école primaire du Belvèdère à Draveil. Une petite fille est déjà décédée. Un nouveau cas de cancer d'enfant est apparu. Une enquête épidémiologique avait été commandée par la ville, mais pour l’Institut National de Veille Sanitaire qui a rendu ses résultats en octobre 2008, "rien ne prouve scientifiquement que les cancers ont un lien avec les émissions électromagnétiques". Comme à Saint-Cyr et à Ruitz, mais dans ces deux derniers cas les antennes relais GSM avaient été démontées.Pourtant les experts du rapport Zmirou de la DGS recommandaient en 2001 de ne pas installer d'antennes relais à côté des sites sensibles comme les écoles. Cette règle n'a jamais été respectée par les opérateurs, car l'appât du gain est toujours plus fort que la santé des enfants.
Un texte toujours d'actualité en ce début d'année 2011